dimanche 10 avril 2011

Les arômes de la terre

La culture livresque m'a indiqué Rousseau et Sei Shonagon pour me servir de guides.
Mais la première, la toute première, c'est ma mère/ ma mère. Aimer le jardin, c'est la retrouver. Je ne sais si c'est elle qui me guide ou si c'est la terre qui me guide vers elle.
Depuis un mois, je suis plongée dans un long roman de mille pages, un monde où la terre est toujours présente derrière les hommes et les femmes, personnages de ce récit.
Il s'agit du roman de Vassili Grossman Pour une cause juste.
Les obus et les bombes sont tombées sur Stalingrad et Lioudmila retrouve sa mère :" Lioudmila sentit un élan de tendresse, de reconnaissance envers sa mère qui dans le brasier de Stalingrad avait pensé à sauver ces vieilles lettres et photographies, réunissant pour toujours dans son âme toute la famille, le souvenir des défunts et l'inquiétude des vivants.
L'amour de sa mère était aussi précieux, simple et indispensable que cette ration de pain qu'elle avait trouvée dans son baluchon."
Cette reconnaissance sera ma ration de pain pour aujourd'hui et j'irai cet après-midi nettoyer les arums qui lancent leur calice blanc au jour.
Et seront grinotés par les tout petits escargots qui escaladent leur hautes feuilles vertes enroulées.

Bonjour cousine, jusqu'au chapitre suivant.

dimanche 3 avril 2011

commencer par le commencement

Chaque année, au printemps, les projets d'écriture souffrent de quelque chose qui ressemble à un abandon. Le jardin n'attend pas. C'est ce que disent les jardiniers. Comment faire si l'on a deux jardins à cultiver : celui des mots et celui des plantes ? Jusqu'à aujourd'hui, j'ai privilégié le jardin des mots. Peut-être ce blog m'aidera-t-il à entretenir les deux. Je vais essayer.
Qui seront mes mentors sur ce chemin ?
J'en choisis deux : Jean-Jacques Rousseau, celui des Lettres élémentaires sur la botanique, Sei Shônagon pour ses Notes de chevet. Je ne serai pourtant pas botaniste, le compagnonnage du premier aidera pour le désir de partager sa passion //celui de la seconde pour la minutieuse et sereine attention à ce qui fait le charme - ou l'ennui de l'instant. Les deux se rejoignent et je me place sous leur saint patronage. Même s'ils ne sont pas des saints...

"Bon jour cousine, jusqu'au chapitre suivant"

Voici donc :
Nous venons d'acquérir un nouveau jardin. Il ne se laisse pas connaître d'emblée. La première impression est la désorientation qu'il procure. Dans quel sens le prendre ? De quel côté regarder lorsque l'on s'y penche pour semer ou planter ? Ce n'est pas rien. On s'aperçoit quand on se relève - et le jardinage est fait de ces mouvements d'inclinaison vers la terre, et puis de se relever ensuite et regarder le ciel pour se reposer; de la terre au ciel sans cesse ce mouvement est la plénitude de l'instant au jardin.
Thi a planté deux rangs de pomme de terre; la terre est grasse encore et noire. Ils sont sous une bâche plastique, première touche personnelle de notre arrivée dans cette terre. Les gouttes de rosée s'invitent avec la chaleur obtenue par ce petit tunnel transparent. Tout près, Je plante une rangée de cives rapportées du marché. Je termine le rang par un semis de salades, des laitues. demain, je nettoierai le pied d'origan déjà là, avant nous, planté par d'autres mains.

Bonjour cousine, jusqu'au chapitre suivant.